Ouvrage de commande passé aux Frères Perret par Gustave Aghion, architecte appartenant à la haute société cosmopolite de la ville d’Alexandrie, l’Hôtel Particulier Aghion situé dans un quartier résidentiel cossu d’Alexandrie et constitué d’un bâtiment avec étage et jardin à l’arrière est achevé en 1927.
Le « Vocabulaire Perret »
Réalisant le bâtiment, le jardin et le mobilier de la salle à manger, Auguste et Gustave Perret y firent démonstration de ce qui deviendra par la suite constitutif du « vocabulaire Perret ». En effet, les ferronneries à motifs de palmettes, qui connaîtront une grande postérité dans les années 30, y trouvent leur première occurrence. De même, la rotonde semi-circulaire couronnant le hall (ill. 2), en saillie côté jardin, et habillée de cinq panneaux de claustras triangulaires en ciment armé constitue la première démonstration de rotonde à colonnades puisque les architectes en referont usage plus de vingt ans plus tard au Musée des Travaux Publics à Paris.
Brique et béton
Mais il faut également souligner l’exemplarité de cet édifice en termes de façade, le remplissage y étant assuré par l’usage d’un béton armé sans enduit et par des briques égyptiennes différemment appareillées. Les jeux de bichromie et de relief tendent ainsi à créer des effets entre les bandes lisses et saillantes de la structure (ill. 3 à 5).
Un monument en péril
Il semblerait en effet que le classement de l’édifice n’ait pu être appliqué au motif que le permis de démolir avait été obtenu antérieurement à la décision ministérielle de classement. Ce qui explique l’attaque dont la Villa Aghion a été victime 28 août 2009. Une pelleteuse venue à l’aube éventrer la façade côté jardin, dont la coupole ne tient plus que par une opération du Saint-Esprit, l’a laissée depuis dans un état non seulement déplorable, mais menaçant, précipitant d’autant plus toute potentielle entreprise de sauvegarde.